![]() |
![]() |
![]() |
La cigogne blanche est l'oiseau symbole de l'Alsace depuis des décennies et sa présence en France est relatée dans de nombreux manuscrits anciens. La première mention de sa présence en est faite en 1272, époque à laquelle elle faisait partie intégrante de la culture populaire. Tout le monde sait que dans les légendes elle apportait les bébés et que ses claquettements (on dit aussi craquettements) annoncent le retour prochain du printemps; on dit aussi que la cigogne apporte le bonheur et que la maison qui l'accueille est bénie. Une image pieuse de 1890 l'inclut dans le paradis terrestre et lui assigne pour mission de "purger la Terre des reptiles immondes et vénéneux pour lesquels l'espèce humaine éprouve une insurmontable aversion".
Pour la plupart des auteurs du début du XXe siècle, "la cigogne n'était nidificatrice qu'en Alsace, en Moselle, çà et là dans les Vosges et la Somme". La population alsacienne qui composait alors l'essentiel de la population ciconicole française, comptait 177 couples en 1947 et seulement 9 en 1974. L'extinction de l'espèce était alors imminente, une situation qu'on pouvait également onbserver dans de nombreux autres pays d'Europe. En France, la situation s'inverse au cours des années 1980 et en 1990 on dénombre jusqu'à 138 couples à nouveau installés en France. Ils sont au nombre de 500 en 1999, dont 260 nichent en Alsace, grâce à un audacieux programme de réintroduction; ceci permet de reconstituer la population initiale, le reste se répartissant pour l'essentiel sur le littoral de l'Atlantique et de la Manche.
La famille des ciconiidae compte 18 espèces à travers le monde, dont 2 en Europe : la cigogne blanche (Ciconia ciconia) et la cigogne noire (Ciconia nigra) beaucoup plus rare. Malgré sa popularité, la cigogne blanche reste un oiseau très rare et très localisé dont la biologie est particulièrement intéressante.
Les deux partenaires qui forment le couple arrivent au lieu de reproduction (chez nous, généralement en fin mars-début avril), soit simultanément, soit à plusieurs jours d'intervalle. La construction ou l'aménagement du nid, les accouplements, l'incubation, la ponte et l'élevage des cigogneaux sont autant de tâches qui occupent à plein temps les parents avant de voir partir leur progéniture en migration.
Le manque de nourriture en hiver oblige la cigogne à quitter les régions froides et à migrer vers d'autres pays (les cigognes ayant séjourné chez nous par exemple semblent migrer vers le Mali). Plusieurs études ont déjà été réalisées ou le sont actuellement pour connaître avec précision l'itinéraire emprunté par ces oiseaux.
Les lignes à haute tension, la sécheresse et leur chasse au Mali, mais aussi l'emploi de pesticides très puissants utilisés pour essayer d'éliminer les criquets constituent les principales raisons de la disparition des cigognes.
La disparition des cigognes étant occasionnée par des aléas survenus principalement pendant leur migration, le premier travail des organisations chargées de leur réintroduction est de leur enlever l'instinct migratoire tout en leur permettant de voler et de se reproduire sur les lieux de nidification. Ces programmes de réintroduction passent par le prélèvement et l'élevage en volières de plusieurs dizaines de cigognes par an.