Alors qu'en 1900, les cigognes d'Alsace se comptaient par milliers (ce qui explique que la cigogne blanche est le symbole universel de cette région), il n'en restait que 145 couples en 1960, 90 en 1962, 5 en 1976 et 2 couples en 1982 ! Cette baisse continue des effectifs après les années 1960 n'est pas propre à l'Alsace; il en est de même aux Pays-Bas ou en Allemagne.
L'assèchement du Ried provoquant la disparition des grenouilles n'est pas la cause de ce recul spectaculaire; en effet, les batraciens tiennent peu de place dans l'alimentation des cigognes.
L'électrocution, en revanche, est responsable de la disparition de 15 à 20% de la population des cigognes chaque année. Lorsque les courants ascendants que la cigogne suit lors de ses migrations sont insuffisants, elle est obligée de se percher. Si elle se pose sur un poteau électrique en fer et touche un fil, elle est électrocutée. Par temps de brouillard, il peut même arriver qu'elle percute les lignes à haute tension.
Mais les causes majeures de la régression de la population de l'Europe occidentale se situent dans les régions d'hivernage. En effet, dans les pays noirs africains, les cigognes sont victimes de la chasse pour leur chair. Lorsque la chasse n'est pas en cause, la sécheresse qui touche le Mali entraîne la disparition de la nourriture dont a besoin l'oiseau. D'autre part, l'emploi de pesticides puissants pour lutter contre la prolifération des criquets provoque l'empoisonnement des cigognes lorsque celles-ci mangent des insectes. Les conséquences de cette destruction massive sont que + de 90% des cigognes qui migrent ne reviennent pas !
Devant ce triste bilan, le parc des cigognes de Hunawihr en Alsace a ouvert ses portes en 1976 et a entrepris un vaste programme de réintroduction de la cigogne blanche en Alsace. Ces efforts ont porté leurs fruits et les derniers chiffres font apparaître une situation globalement satisfaisante : les statistiques établies par APRECIAL sont éloquentes.